Le Beau Brun

Bon, je sais, je ne suis qu'un chat et vous allez parler d'anthropomorphisme. Et alors, ce n'est pas parce que je suis un chat que je n'ai pas le droit de penser et de m'exprimer. Non mais ! Et d'ailleurs à vivre avec les Deux Pattes on finit par être contaminé. 

 

 

Donc c'est moi, Nero, le Beau Brun. Évidemment je suis noir. Vous voyez comme ils ont été originaux mes référents humains. Et encore j'ai échappé à Noiraud, à Negro (mais je dois le reconnaître ils ne sont pas racistes). Ils ont été plus inspirés avec le chien, mon grand et vrai copain,  qu'ils ont appelé Ocni ; et ils ne se sentent plus quand ils expliquent que cela veut dire Objet Canin Non Identifié ; ils n'ont pas osé Ofni pour moi. Tant mieux car il y aurait pu y avoir des télescopages. Remarquez je ne réponds jamais quand soi disant on me parle. Qu'est-ce qu'ils croient ? Que je suis à leurs bottes ! Des clous ! Je suis moi, moi Nero, moi le chat  et je ne dois rien à personne. Je me contente, quand ils sont là à insister et gagater, de remuer légèrement la queue pour marquer mon irritation. Et alors là, quelquefois, j'entends : "quel ingrat celui-là ! tu sais d'où tu viens ? Tu ne serais plus de ce monde sans nous. Heureusement qu'Ocni t'a trouvé". Mais je n'ai rien demandé moi ! 

 

Ils me bassinent  avec des : " qu'est-ce que tu étais mignon quand tu étais petit avec tes yeux bleus !" 

 

 

 

J'ai droit aussi à toutes sortes de compliments sur ma beauté, sur mon poil de velours, de soie. Ils oublient que j'ai entendu des horreurs quand j'étais plus jeune. Du genre : " il a une queue de rat, des oreilles d'éléphant, un poil de hyène, des pattes de moustique ; il ne ressemble à rien".

 

 

 

Heureusement que j'étais occupé à téter mon biberon, ce qui était bien plus important que d'écouter leurs insultes.

 

 

 

 

On était en Corse à cette époque. Ils m'avaient embarqué, avec le chien heureusement, en voiture, en bateau ; ils disaient : "il faut aussi apporter les couches (ma litière quoi), le berceau, le biberon, les jouets". Pas la peine ; sur cette terrasse (malheureusement j'étais trop petit pour en sortir) il y avait un tuyau, trop marrant pour m'enrouler dedans ; il y avait des oiseaux, mais je n'arrivais pas à monter pour les attraper ; et puis je pouvais courir après les Deux Pattes, m'agripper à leurs jambes, m'enrouler dans les jupes. Trop drôle de les entendre rouspéter, hurler même que j'étais diabolique. Et la minute d'après j'étais trop mignon. N'importe quoi. Si j'étais si mignon pourquoi la nuit ils me faisaient dormir dans la salle de bains, à côté de la chambre ? J'avais beau implorer derrière la vitre je n'avais pas le droit de venir m'amuser avec les olivettes des lampes.

 

 

Les temps ont changé ; je suis libre comme l'air, je fais ce que je veux, je viens quand je veux, je sors pour aller où je veux. Ah ! ah ! je les entends se poser des questions ; ils voudraient bien savoir ce que je fais quand je ne suis pas à la maison ; ils voudraient bien savoir où je vadrouille, quels sont mes terrains de jeux, mes rendez-vous, pourquoi je rentre tard dans la nuit, ou pas du tout. Eh bien je ne leur dirai jamais !

En fait quelquefois je suis découvert ; enfin un peu. Ils savent à peu près d'où je viens. Il m'arrive d'avoir quelques frayeurs à cause de mauvaises rencontres. Dans ces cas-là je me réfugie à la maison et j'y reste la journée le temps de me rassurer et de calmer mes angoisses. Et là je crois qu'ils comprennent. Ils sont bien braves, c'est vrai.

 


 

Et puis quand ils font une certaine balade dans le bois je surgis de mes coins pour les accompagner. Ce qui leur a mis la puce à l'oreille. Ils ont la décence de ne pas trop insister dans leur recherche de mes cachettes. J'adore courir avec mon chien (car évidemment c'est le mien) ; je galope devant lui, je me cache et soudain je jaillis des fourrés pour lui sauter dessus. On va loin parfois et je fatigue ; je m'affale dans le chemin langue pendante, je râle un peu. Attendris, les autres ! prêts à me porter. Pas question ! On ne me touche pas. C'est moi qui décide.

 

Il arrive quand je rentre que j'aie de bonnes intentions : je veux leur faire savoir que je suis là parce que je sais qu'ils s'inquiètent, croient-ils. Alors je miaule un peu ; ils ne comprennent rien de ce que je dis ! ils essaient de  me répondre. "On est là. Je descendrai pour les croquettes tout à l'heure". Tout faux, ma gamelle est pleine ! Je cherche mon chien, c'est tout. Je ne me manifeste pas souvent d'ailleurs parce que si c'est pour entendre "Incroyable, où a-t-il pris cette voix de fausset ? On dirait un eunuque". La faute à qui ? Non mais. (voir Nero chez le vétérinaire)

 

Je vais vous parler de mon chien. Il est beau, gentil, plein de poils rêches, avec une barbe à la François-Joseph. D'ailleurs parfois ils l'appellent L'Empereur. Ça lui va bien. J'adore me frotter contre lui, passer et repasser entre ses pattes ; je rigole un peu parce que souvent il n'ose plus avancer, il attend que j'aie fini ! Trop mignon. 

Et je ne vous parle pas des séances de léchage. Un vrai bonheur ; il se laisse faire, il lève le cou ou il me présente son poitrail. J'aime bien aussi aller me coucher contre lui mais il n'est pas trop coopérant. Dommage qu'il soit un peu vieux, pas très marrant, un peu bougon ; on pourrait s'amuser davantage. Tant pis, je l'aime. Mais lui, il aime que les autres… les Deux Pattes ou ses congénères qui pourtant ne se gênent pas pour l'agresser. Il retourne les renifler ce crétin. Il n'est pas rancunier, un peu benêt peut-être ! Craquant quand même. Je  n'ai pas le choix, je l'aime comme il est.

 

 

 

J'ai l'air comme ça mauvais garçon, insupportable, odieux. Pourtant j'ai un bon fond vous savez, je suis plutôt sociable, pas agressif, pas bagarreur, curieux. Je fais ami/ami avec tous ceux du voisinage. Le queue courte d'Astrid, un vieux noir, vient me voir souvent ; je vais présenter mes civilités à Punky, adorable rouquin parleur à queue courte lui aussi ; sa mère, Saska, est beaucoup plus distante, très secrète. Et quand Mandala, un vieux sage tigré, super intelligent, vient visiter les gamelles je ne lui dis rien. Je le laisse faire. Il faut dire qu'il est astucieux. Il rentre par la chatière, subrepticement, sans aucun bruit, alors que nous on fonce. Après il va manger et il ressort sans la moindre précaution car à ce moment-là il se moque bien qu'on l'entende. Alors là branle bas de combat. Enfin c'était avant, quand Ocni n'était pas sourd. Il ameutait toute la maisonnée. "Quoi ! qu'est-ce qu'il vient faire chez moi celui-là ?" Et pourtant il le connaît bien, il va chez lui souvent, il lui fait plein de bisous quand il le rencontre dans la rue. Il est bizarre mon chien parfois, un peu benêt je vous ai dit. 

 

Normalement il est très poli avec les chats. Mais quand la Parisienne vient en pension chez nous il n'est plus lui-même, il fait tout ce qu'elle fait, bêtement. Et celle-là elle se croit tout permis. D'accord c'est une belle effarouchée, avec ses grands poils blancs partout devant les yeux, qu'elle a très beaux, pétillants. Etna, c'est son nom, tempérament volcanique dit son père. Sauf que dès qu'il y a de l'orage, ou un peu de bruit, il n'y a plus personne, elle perd complètement la boule et ne sait plus où se cacher. Toujours est-il qu'elle ne supporte pas les chats, paraît-il. Il est vrai que dès qu'elle en voit un dans la rue elle part comme une fusée pour le courser et mon chien fait pareil  ; il ne se rappelle donc pas qu'il aime les chats lui ? Enfin quand elle vient à la maison elle file doux. Elle essaie de s'approcher, un peu hargneuse ; moi, de là où je suis installé, sur le divan par exemple, je la fixe sans bouger ni montrer la moindre émotion ; elle en est toute désemparée, comprenant parfaitement que chez moi il n'est pas question qu'elle fasse la loi. Elle finit par venir me faire quelques bisous que j'accepte car je suis bon prince.

 

Ce n'est pas la même chanson avec l'autre félin de la maison dont je ne vous ai pas encore parlé. Je n'ai pas toujours envie de savoir qu'elle existe cette pièce rapportée. C'est une chatte, Mimine, noire et blanche, quelconque à mon point de vue ; on l'appelle plutôt La Truie, "Ma petite truie" parfois. C'est vrai qu'avec son museau et ses pattes roses on pourrait la prendre pour un goret. 

 

Et puis pour la toilette c'est du rapide avec elle ; un petit coup de langue par ci par là lui suffit. Moi j'attache beaucoup d'importance à ma toilette, toujours approfondie ; je vais dans tous les coins possibles, entre mes griffes ; je suis capable de me lécher pendant de longues minutes. Et comme je me livre à cet exercice avant de sortir, vers  deux trois heures du matin par exemple, ça ronchonne sur le lit où je me suis installé pour dormir avant mes rendez-vous. Je ne vais tout de même pas aller dehors le poil en bataille. Et puis je suis chez moi et je fais ce que je veux.

C'est vraiment une pauvre fille cette Mimine. Elle est bien brave mais trop timide. Je ne sais pas si elle a été bien élevée dans sa première maison mais je trouve qu'elle manque un peu de vivacité. Elle sait se ménager des planques, c'est sûr ; ça m'est égal ; je ne vais pas aller la déloger quand elle est dans un coin secret (tu parles !) de la mezzanine, ou sur un coussin dans le cagibi de la terrasse. En revanche si elle est sur le lit et que j'arrive je la titille un peu, pas beaucoup car elle part tout de suite. Mais on dort fréquemment tranquillement tous les deux.

 

Finalement je la supporte plutôt bien cette petite qui n'est pas capable de dépasser la maison de plus de cinquante mètres ! alors quand on est au réfectoire elle me renifle de la tête à la queue pour savoir d'où je viens, s'enivrer d'odeurs qu'elle n'est pas capable d'aller chercher toute seule. Je la laisse faire. Dans ces moments-là je suis trop occupé à me remplir la panse. Quelquefois j'accepte de jouer un peu avec elle ; on se poursuit, elle me nargue (enfin elle croit), je fais semblant de lui faire peur, elle fait semblant d'avoir peur. De l'amusette quoi. J'ai mieux à faire à l'extérieur. Je reconnais qu'elle serait plutôt bien élevée, discrète, câline ; elle ronronnerait parfois paraît-il. Mais c'est tout de même une potiche !

 

En tout cas elle ne ressemble pas à sa mère deux pattes d'après ce que j'ai entendu. Il parait que, petite, elle était sur un toboggan attendant avec impatience que celui ou celle devant elle veuille bien se décider à glisser. Ça durait, alors n'y tenant plus elle s'est écriée : "avance, gros tas !" J'aime bien ça. Mimine pourrait en prendre de la graine. Quoique je ne sais pas si je supporterais qu'elle me lance "pousse-toi, gras double" ou "laisse-moi tranquille morveux"... Je me draperais dans ma dignité et je me dirais "enfin on va pouvoir jouer pour de bon".

 

Ronronner ? Je ne sais pas ce que c'est. J'entends constamment des reproches. On me dit, quand j'accepte d'écouter :

"J'avais un chat (et moi ? qu'est-ce que je suis alors ?) ; il s'appelait Beauty, il m'aimait, je l'aimais ; on se tenait la patte et il s'endormait en ronronnant."

C'était donc la merveille celui-là, avec toutes les qualités que je n'ai pas, j'ai bien compris. Mais j'ai été abandonné ! C'est parce qu'ils m'ont ramassé que je suis devenu un gosse de riche, comme ils disent encore. On dirait qu'ils me reprochent de ne pas avoir eu de mère. Qu'est-ce que j'y peux ? Personne ne m'a appris à ne pas griffer, à ne pas mordre, à ronronner. Pas de mère, pas de fratrie, pas d'éducation. Parce que pour l'éducation les Deux Pattes ils ont des progrès à faire. J'essaie pourtant de me montrer conciliant. Je vais patouner, je ferme les yeux, je sors ma petite langue, je tête le plaid, je me laisse gratouiller, caresser même. Mais il ne faut pas que ça dure trop !

Je dois dire que c'est assez satisfaisant de se sentir aimé, admiré. Ils me font des reproches, les Deux Pattes, mais "parole, parole, parole." Tout glisse sur mon superbe poil lustré. 

 

L'essentiel est qu'ils assurent le service restauration et là ils assument plutôt bien. Je leur fais quelques surprises et je les épate souvent. Par exemple l'autre jour j'arrive dans le grand salon et attiré par une odeur inconnue je grimpe sur la table. On ne me dit rien évidemment. Je découvre un petit carré marron que je goûte. Très bon. Depuis je viens souvent lécher mon caramel au beurre salé. Ils rient et renouvellent la provision. Je n'ai pas à me plaindre n'est-ce pas. Ils m'amusent quand ils me découvrent en train de dormir quelque part dans la maison, s'étonnant de ne pas m'avoir entendu. "Ah ! Nero est dans le petit panier du chien. Ah! Nero est sous mon lit. Tiens, Nero est sur le divan." Je ne suis pas obligé de les renseigner sur ce que je fais. Il faudrait qu'ils comprennent. En fait ils savent bien, et au fond ils s'inclinent, que je me comporte comme un chat libre, indépendant et qu'ils habitent chez moi.  Ils en sont même fiers et contents je crois.

Il y a eu du remue-ménage dans le quartier. Une dame d'un certain âge est venue s'installer avec sa ménagerie : une petite chienne aboyeuse qui m'a pourchassé sous la voiture mais elle a été rappelée à l'ordre ; une chatte un peu bouboule, noire ; un chat qui ressemblerait à Mimine. Le jour de l'emménagement tout le monde a défilé. Même moi je suis resté dans le petit jardin pour voir un peu ce qui se passait. Il vaut mieux être au courant. Mandala est venu aussi, et lui, comme il n'a peur de rien il a essayé d'aller explorer dans la maison. Mais il s'est fait refouler dans l'escalier. Il est reparti tranquille et digne du genre "bon, ça va, je reviendrai ; je voulais juste me renseigner". Il y a eu quelques rodeurs curieux. Finalement tout est rentré dans l'ordre. Ces nouveaux ne m'intéressent pas du tout et j'ai repris ma vie et mes habitudes.

L'autre soir on a bien rigolé. Mimine regardait le télévision avec les Deux Pattes qui la voient se dresser tout à coup et descendre en galopant. Ils ont découvert le pot aux roses un peu plus tard. J'étais en train de jouer au gendarme et au voleur avec une musaraigne que j'avais ramenée. Une partie d'enfer. Elle m'a donné du fil à retordre. Elle arrivait à se cacher dans des endroits que je ne pouvais atteindre, derrière le piano, le fauteuil, le divan, la méridienne, la porte. La Potiche regardait, envieuse mais n'osant intervenir. Cris et gémissements des Deux Pattes qui ont essayé de s'employer à sauver ma proie. En vain, évidemment. Ils ne savaient que faire, se lamentaient, couraient dans tous les sens, cherchaient des solutions. J'ai manifesté bruyamment mon désaccord et ma colère quand ils s'approchaient trop. Finalement ils ont abandonné le champ de bataille tout en se demandant ce qui allait se passer. "Il ne va même pas la manger ; il va la laisser filer. Et où va-t-elle aller se terrer ; comment va-t-on la retrouver, pauvre bête ?" J'ai tout entendu et même j'ai failli être déconcentré. J'aurais pu bien sûr m'amuser ailleurs mais c'est quand bien plus drôle de les entendre s'affoler. En fait ils avaient un peu raison. J'ai bien fatigué la bête puis je me suis lassé et je suis allé dormir laissant les restes à La Petite Truie qui a terminé le travail. Le lendemain  il y avait quelques vestiges sur le tapis du grand salon. Moi j'avais déjà oublié.

Ce matin j'étais un peu désappointé. J'attendais vers le puits pour la promenade mais ils sont partis par un chemin où je ne veux pas aller, trop dangereux pour moi. Il y a des moments où ils n'ont aucune considération et Ocni n'est pas sympa parfois. Je me vengerai ce soir. Je ferai des misères à Mimine, je les empoisonnerai jusqu'à ce qu'ils descendent me donner des croquettes même s'il y en a encore dans ma gamelle ! Auparavant je ferai des civilités à mon chien. Je ne lui en veux jamais. Quoique, une fois, je ne me suis pas contrôlé. On était dans le bois et je ne voulais pas continuer, je ne voulais pas aller où ils se dirigeaient les Deux Pattes et Ocni. J'ai fait des huit dans les jambes pour me faire comprendre, sans succès. Alors j'ai mordu un mollet. Sans succès. Du coup, dans ma rage, j'ai mordu mon chien. Enfin, je ne lui ai pas fait mal. Mais je me suis fait disputer et ça n'a servi à rien, on a poursuivi. Ça me fait enrager qu'on ne m'obéisse pas.

 

Mais il m'arrive de ne pas craindre de les suivre n'importe où et d'arriver à me faire comprendre. Un soir tout le monde était invité Rue de l'Ancienne Poste chez Etna la Parisienne dont je vous ai déjà parlé. Alors moi bien sûr j'y suis allé aussi un peu plus tard. Il y avait un monde fou dans cette maison. J'ai sonné, c'est à dire miaulé derrière la fenêtre.

Ils ont fini par me voir et me faire entrer ; j'ai fait un tour pour me faire admirer mais ils faisaient du bruit, parlaient fort, riaient. Donc j'ai manifesté mon intention de ressortir et ils m'ont ouvert la porte. Et je me suis retrouvé tout seul dans la rue, ce qui ne me convenait pas du tout. Je n'aime pas trop me sentir exclu. Alors j'ai sonné de nouveau. Et tout a recommencé : j'entre, je veux sortir, j'entre, je veux sortir. Ils ont fini par être exaspérés et j'ai obtenu ce que je voulais : qu'on me ramène à la maison où je savais très bien rentrer tout seul soit dit en passant. Mais il me fallait quelques égards ; après je suis allé me coucher tranquillement. Et ce n'était pas la peine de fermer la chatière pour que je ne ressorte pas ; je sais très bien l'ouvrir ! Depuis ils racontent l'incident amusés, scandalisés, admiratifs.

2009-2012


mercredi 6 mars 2013

La vie suit son cours. Je change un peu mes habitudes l'hiver et me réfugie plus souvent dans la maison. Et puis mon terrain de jeux est difficilement accessible. Des parisiens qui ont acheté une maison à l'orée du bois ont entrepris de faire construire une piscine. Des deux pattes que je ne connais pas ont investi les lieux avec leurs grosses machines, leurs engins bruyants et même effrayants. Et juste à côté, sur mon chemin donc, d'autres deux pattes restaurent une ruine. Et hop la tronçonneuse pour défricher, et le marteau piqueur pour démolir, et la bétonneuse avec son bruit infernal. C'est trop périlleux d'aller là-haut maintenant. Il faudra que je trouve une autre solution. Je n'accompagne même plus mon chien. Pas trop envie d'ailleurs, je suis bien à la maison ; j'ai plein d'endroits douillets où je peux dormir tout mon saoul dans une douce chaleur. La nuit je vais sur le lit où Mimine vient me rejoindre ; on se lèche, je la mords, elle m'envoie des baffes, je la chasse et je me rendors. Je sais qu'elle revient plus tard mais j'ai la flemme d'aller la titiller. Pour être honnête je dois dire qu'elle est de moins en moins décidée à me laisser le terrain.

Sur le matin je suis parti à la chasse, comme depuis quelques jours en fait. J'ai déjà ramené une souris, qu'ils ont trouvée sur une marche de l'escalier toute raide. Et puis un oiseau, ce qui a déclenché cris et fureur. Ce n'est pas ce qui va me retenir. Aujourd'hui j'ai aussi monté dans le grand salon une souris qui est allée se réfugier sous la maie ; je la voyais s'agiter sans pouvoir l'atteindre. Moi je tournais autour à gauche, à droite et retour. Mimine regardait sagement assise attendant son tour pour  jouer. Les Deux Pattes n'ont pas réagi, m'ont observé en silence. Pas drôle. J'étais néanmoins passionné, j'en ai oublié d'aller manger. J'ai évidemment fini par me lasser. Plus tard dans la matinée ils se sont tout de même inquiétés voulant savoir où était la bestiole. Ce qui m'a rendu service car je l'avais perdue, oubliée même. J'ai entendu qu'elle était vers la cheminée ; je me précipite ; ils l'avaient déjà recueillie, mal en point je pense, et posée sur le bord de la fenêtre. Qu'est-ce qu'elle a fait ? Saut dans le vide ! un suicide ? Je me demande si j'ai déjà provoqué ça.

 Il a beaucoup plu aujourd'hui. Pendant une accalmie j'ai fait un tour sur le balcon et le matou d'en face, Mimine en mâle, est venu faire une tentative pour qu'on fasse connaissance. Il a été dérangé par un Deux Pattes. Je pense que l'on pourra reprendre ces travaux d'approche plus tard. Rien ne presse.

samedi 6 avril 2013

Je vais vous dire : je déprime. Même les Deux Pattes le remarquent. Ils s'étonnent de me voir presque constamment à la maison ; ils s'inquiètent de ce que je me laisse plus facilement et plus longuement caresser. Ils pourraient être contents. Ils voient bien que Mimine prend de l'assurance et de l'ascendant. Est-ce que je deviendrais un pantouflard, un de ces matous plan plan et fade ? Non. Je ne suis pas un chat ordinaire.  Je déprime. C'est tout. Il pleut tout le temps, il ne fait pas chaud, il n'y a pas de soleil pour que je prenne mes UV, je ne peux plus aller jouer dans le bois avec tous ces intrus qui ont envahi mon terrrain. Je suis scandalisé, dégouté. Enfin j'ai tout de même ramené un petit oiseau dont ils n'ont retrouvé que les plumes... et ils n'ont rien dit. Je n'ai plus d'enthousiasme. Vivement le vrai printemps que je me resaisisse. En attendant je me laisse aimer. C'est une petite consolation.

 

À suivre

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    Claude Laubez (jeudi, 22 novembre 2018 22:06)

    Suite ?